2. Rapaces Des alliés à préserver 2. Rapaces Des alliés à préserver
Que ce soient les vautours en zone de montagne ou les rapaces en plaine, ils ont tous un rôle direct à jouer auprès du monde agricole.
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En zone de montagne, le gypaète barbu ainsi que les vautours fauve, moine ou percnoptère interviennent parfois dans les élevages. Il s'agit d'animaux nécrophages, et non de prédateurs, qui nichent pour la plupart sur les falaises et ont tous leurs spécificités. Certains mangent les viscères, d'autres la peau ou les tendons, les os ou encore les fèces…
VAUTOURS UN SERVICE NATUREL
Une réflexion a été menée pour la réintroduction des vautours, leur population étant très affectée par les modifications des milieux agricoles. Ils ne trouvaient plus de quoi s'alimenter avec la faune sauvage, beaucoup moins abondante. Il a donc fallu faire reconnaître leur rôle d'équarrisseur naturel. « Ils recyclent gratuitement en extérieur tous les dérivés de l'élevage jusqu'à la carcasse. Dans ce cas, il n'y a plus besoin de faire appel à un équarrisseur qui, en zone de montagne, peut être particulièrement onéreux et rarement pratique, met en avant Yvan Tariel, responsable de la mission rapace à la LPO (Ligue pour la protection des oiseaux). Ils suppriment les risques d'épidémie pour les troupeaux et évitent la contamination des eaux. »
Depuis 1998, un arrêté national donne la possibilité aux agriculteurs qui sont en montagne de laisser leurs carcasses sur des placettes d'alimentation. Il fixe des règles, comme la distance ente les habitations et les placettes, le nombre de kilos autorisés, la protection du lieu pour éviter que des animaux errants sortent des morceaux de carcasse... La réglementation aurait été modifiée dernièrement dans les zones d'élevage extensif comme dans les Pyrénées, où il n'y aurait plus besoin de placettes.
Les populations de ces rapaces rendent donc service aux éleveurs, même si une contribution leur est demandée. Elles permettent des économies substantielles de près de 60 %, le coût estimé de l'équarrissage étant, selon les zones, de 160 €/t enlevée jusqu'à 700 euros.
LES CAMPAGNOLS PROIES NUMÉRO UN
« L'agriculteur a tout intérêt à favoriser les rapaces en plaine pour éviter d'utiliser des produits chimiques », estime encore Yvan Tariel. En effet, les rodenticides tels que la bromadiolone, toujours autorisée, sont des anticoagulants qui peuvent affecter d'autres espèces que les rongeurs, et notamment leurs prédateurs. « En Suisse, les exploitants utilisent cette matière active en petite quantité. Elle a une réelle efficacité sur les rongeurs, sans pour autant faire de dégâts sur le reste de la faune sauvage. Même s'il est difficile de connaître l'impact de ces traitements sur les rapaces, en France, les méthodes d'application employées exposent davantage les oiseaux à ces produits », appuie le spécialiste. Or, la majorité des rapaces sont des prédateurs de campagnols. C'est le cas de la chouette effraie qui s'en nourrit presque exclusivement. Les busards s'alimentent de sauterelles, de passereaux ou de perdrix. « Souvent, pour les agriculteurs qui chassent, les rapaces sont des prédateurs d'espèces chassables. Pourtant il faut garder en mémoire que leurs proies principales restent les campagnols », indique le spécialiste. C'est également vrai pour la chouette chevêche, la buse ou le faucon crécerelle...
Les busards ne nécessitent pas d'aménagements spécifiques car ils nichent au sol dans les champs et chassent en vol. Leurs nids et les jeunes qui n'ont pas encore pris leur envol peuvent être détruits par le passage des moissonneuses-batteuses. La LPO intervient donc pour tenter de préserver ces populations qui décroissent. « Nous travaillons avec certains agriculteurs et déplaçons les nids si nécessaire », souligne l'ornithologue.
Pour les autres espèces, il peut être nécessaire de mettre en place des perchoirs et des nichoirs. Quand il n'y a pas de poteaux, il existe des solutions très simples comme les trépieds. Ils peuvent être déplacés au moment de la moisson et sont adaptés à plusieurs espèces.
PRESERVER LES POPULATIONS DANS LES ZONES AGRICOLES
Dans les zones agricoles, les chouettes, qui ont désormais une bonne image, nichaient dans les vergers ou les granges. Mais les vergers ne sont plus adaptés car les hautes tiges ont été remplacées par des arbres bas de tige. Ces oiseaux n'y trouvent plus d'anfractuosités pour y nicher. Et les bâtiments agricoles neufs sans cavité prennent désormais la place des anciens hangars dans le paysage. Les clochers sont fermés un à un pour éviter la présence de pigeons et de choucas qui causent des dégâts. Les infrastructures routières sont aussi très meurtrières. « Nous mettons en place des nichoirs chez les exploitants agricoles pour préserver ces populations », explique Yvan Tariel.
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